Un manager doit-il remotiver son équipe après les congés d’été ?

"Après les vacances, le manager doit donner une impulsion sans tarder ... mais sans brutalité", selon Bertrand Samson

Bertrand Samson est directeur de projet de transformations chez Oasys consultant.  Spécialiste des ressources humaines, il nous livre ses réflexions sur la gestion par le manager de la période particulière de retour des vacances estivales. Les corps souvent bronzés, la tête dans les nuages, les salariés doivent atterrir pour boucler les objectifs de l’année dans une courte période de 4 mois. La bonne attitude à adopter et les écueils à éviter.  

 

L'Usine Nouvelle - Un manager doit-il remotiver son équipe après les congés d’été ?

Bertrand Samson - Il ne s’agit pas tant de remotiver que de remobiliser. Les vacances ne changent pas fondamentalement la relation que chacun a avec son travail ou son entreprise. Mais le corps et l’esprit ont vécu à un autre rythme, il faut donc se remettre en mouvement. C’est comme une équipe de sport qui revient de vacances et qui doit se relancer dans une nouvelle compétition : elle est reprise en main par son préparateur physique.

Comment le manager doit-il aborder cette remobilisation ?

D’abord il y a un tempo à respecter. L’impulsion du manager se doit de n’être ni trop brutale, ni trop tardive. Si on ne fait rien, on risque de perdre du temps, mais on doit aussi tenir compte du fait que les circuits neuronaux doivent se remettre en route. On ne peut pas demander aux salariés d’être à fond immédiatement, sauf dans des métiers très particuliers comme ceux qui travaillent dans des services d’urgence. En gros, il faut accepter qu’il y ait 3 ou 4 jours où les personnes ne soient pas aussi performantes qu’en rythme de croisière.

La démarche doit-elle être individuelle ou collective ?

Les deux. Mais cela doit commencer par un temps individuel et dédiée dans un premier temps à ce qu’on appelle le "social talk", une conversation informelle,  en évitant d’attaquer bille en tête sur le professionnel.

La demi-journée dédiée au récit de vacances des uns et des autres est donc un temps utile ?

Oui, car il faut recréer les conditions de l’échange, renouer le lien avec chacun. Et ce temps d’écoute peut aussi être l’occasion de déceler des problèmes. Lors d’un moment d’échange de ce type j’ai appris qu’une de mes collègues n’était pas partie en vacances car un membre de sa famille avait été hospitalisé. C’est important de le savoir. Après l’échange, on peut revenir sur le terrain du travail, des priorités.

Comment doit s’organiser le temps collectif ?

Le problème du retour de vacances c’est une forme de dispersion. Les gens peuvent vouloir terminer des dossiers en cours, répondre à des clients laissés en plan quelque temps. Il est important de recentrer tout le monde sur 2 ou 3 priorités qui se traduisent en objectifs pour chacun. Cela devient un fil rouge pour les actions car il reste en septembre 120 jours pour parvenir aux objectifs business de l’année. Cette démarche peut se structurer dans une réunion qui débute par un bilan des succès et des échecs de la première partie de l’année, avec l’enjeu de bien écouter tous les membres de l’équipe avant de se projeter.

Quels sont les affects qui peuvent toucher les salariés de retour de vacances ?

Il peut y avoir un petit coup de blues, la nostalgie de bons moments en famille ou entre amis. On peut compenser en organisant de petits moments de convivialité mais je les déconseille en soirée car les collaborateurs peuvent avoir envie de prolonger un peu l’atmosphère de vacances chez eux le soir.

A l’inverse, le retour de vacances recèle-t-il des opportunités ?

Tout à fait, on peut s’appuyer sur "l’énergie qualitative" post-congé. Les cerveaux sont régénérés, ils sont plus créatifs. C’est le moment d’organiser des sessions de créativité en transversal sur des sujets particuliers. En revanche je déconseille de lancer des grands projets de changements ou des réorganisations à la rentrée des vacances, c’est trop anxiogène. Mieux vaut les lancer au premier trimestre, avec un horizon dégagé, c’est moins déstabilisant.

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